L'histoire de notre guilde

Chapitre 1


Cette alliance est fondée sur des valeurs qui dépassent chaque être humain, de tous points de vues, et c'est ce qui la rend si exceptionnelle et marginale.

Elle fut fondée à l'origine, par la mésaventure de deux jeunes gens, Victoria et Amaël, partis se balader dans une forêt, par une nuit éclairée d'un beau clair de lune. Ils étaient jeunes et avides d'expérience, très téméraires; sans doute un peu trop. Ils quittèrent les sentiers battus par leurs aïeux, pour s'aventurer dans des lieu méconnus de tous. Ils marchèrent longtemps,sans jamais oublier d'où ils venaient, et ils ne se perdirent pas, pas tout à fait; cependant, au détour d'un chemin un peu plus sombre que les autres, ou plutôt un non-chemin plus sombre qu'ailleurs, Amaël vit sa compagne disparaître dans les bras d'une grande et sombre créature dont il ne vit pas le visage, et qui se sauva tellement vite qu'il ne put la suivre, paralysé de peur qu'il était.

Il ne réalisa qu'ensuite ce qui venait de se passer; son amie lui avait été enlevée, et il était seul dans la forêt, la nuit. Il hésita entre aller chercher du secours au village, et partir à la recherche de Victoria; ce faisant il constata que dans sa frayeur, à partir du moment où il n'avait plus été paralysé, il s'était mit à courir aveuglément, perdant toute notion d'orientation. Il n'avait donc pas la moindre idée d'où se trouvait maintenant son village; il décida dons, de partir à la recherche de son amie.

Il parcourut presque tous les sentiers qu'il trouva, il chercha longuement sa compagne, pendant trois jours et trois nuit sans discontinuer; la faim le tenaillait, la soif également, mais si sa peur avait été inhibée par le manque de nourriture, sa peine de ne pas retrouver son amie le faisait tenir debout, et restait aussi forte qu'au début. Il avait souvent fait ce rêve de la perdre, mais ç'avait toujours été pour constater le lendemain, que sa voisine était toujours présente, que rien n'avait changé. Elle lui avait confié, elle aussi, se réveiller des fois dans la nuit, tremblante de peur; jusqu'ici cependant tout s'était bien terminé.

Sa recherche s'éternisait, et il ne croisait plus rien ni personne dans cette forêt qui lui semblait chaque minute plus morbide, et à chaque instant il était de plus en plus certain que Victoria avait été tuée et cachée par cette créature, qu'il ne retrouverait jamais une seule trace d'elle, et qu'il allait mourir perdu,seul dans cette forêt.
Cependant, au soir du quatrième jour, il la trouva, recroquevillée dans un trou, tremblante de faim et de froid, cachée dans l'ombre d'une grosse pierre, alors que le soleil se couchait. Il se jeta dans ses bras, mais ce ne fut que pour constater sa pâleur et la froideur de sa peau. Il voulût la porter, pour qu'elle profite des quelques rayons de soleil qui subsistaient encore dans la forêt, aussi maigres soient-ils; c'est à ce moment là qu'elle se débâtit, jusqu'à retomber par terre dans un craquement sonore, pour se réfugier à nouveau sous sa pierre.

Il se rapprocha d'elle, écarta doucement les cheveux qui couvraient son visage; ce faisant il découvrit également son cou, dévoilant à ses yeux le maléfice dont elle avait été victime. Les deux marques sanglantes, rondes, qui avaient à peine commencé à cicatriser, ne lissaient aucun doute sur la nature de son agresseur. Il leva doucement sa tête, et leurs regards se croisèrent; il n'y vit que les pupilles dilatées par la faim, et il savait qu'il avait également faim. Il s'agenouilla devant Victoria, s'allongea presque sur le sol tellement elle était petite et recroquevillée, pour lui offrir son cou. Elle refusa, dans un premier temps; mais devant l'insistance de son ami, elle finit par céder. Elle reprit des forces immédiatement, mais sa peau demeura froide et pâle; à vrai dire, c'est plutôt celle d'Amaël qui devint aussi froide et pâle que celle de Victoria. Le soleil avait fini de se coucher, et Amaël s'était endormi, épuisé par ses jours de chasse, et par l'offre qu'il avait faite à Victoria.

A son réveil, Victoria était là, à genoux devant lui, et elle lui présentait des animaux qui se débattaient encore faiblement au creux de ses mains. Amaël refusa tout d'abord d'y toucher, dégouté par cette idée, il dut cependant s'y faire, car cela faisait quatre jours qu'il n'avait rien avalé. Cela lui fit beaucoup de bien , et il n'éprouva plus aucun remords à vider une créature de son sang.

Il se leva, suivi par Victoria; ils se regardèrent et se prirent par la main. Ils commencèrent à marcher dans ces lieux vierges de toute présence humaine, et décidèrent d'en faire leur propriété.

Amaël, qui jadis avait été un grand seigneur, récupéra ses biens lorsqu'il les retrouva, des siècles plus tard; il aida Victoria, une belle jeune fille mais qui vivait dans le plus grand dénuement. Unis pour l'éternité, ils oublièrent les lois des hommes, et commencèrent à bâtir un immense empire, riche de tout ce qu'ils trouvaient sur leur chemin, prélevé sans aucun tabou, au creux d'une tombe, dans les bras des morts aussi bien qu'au détour d'un chemin, et ce en toute impunité.

Chaque jour dans leur demeure était un péché, chaque nuit était un blasphème à l'égard du Dieu qui les avait oubliés.

Chapitre 2


Un jour, au croisement de deux chemins sombres, notre jeune couple croisa la route d'un voyageur égaré. Il possédait des richesses incroyables mais ne trouvait personne avec qui les partager, tellement elles étaient immenses. Il remarqua d'abord le panache et la majesté du Prince Amaël, puis la discrétions de la demoiselle qui l'accompagnait, la princesse Victoria. La princesse, quelque peu intimidée par tant de grandeur, chose qu'elle ne possédait pas, s'écarta un peu et regarda les deux hommes deviser.

Le seigneur qui leur tenait compagnie se nommait Mickaël, et il était un humain mais ayant réussi à s'extirper des charmes d'une dame blanche, quelques lieues auparavant sur son chemin. Ils devisèrent longtemps, au clair de lune ou à l'ombre des bois, et la princesse finit par se joindre à leur discussion. Ils lui exposèrent leurs réflexions, leur idée de s'établir enfin un jour, dans une demeure solide, qu'ils pourraient agrandir en mettant leur efforts en commun. Le duc Mickaël apparut comme prêt à faire sacrifice de son sang pour entrer dans leur alliance, aussi ils pratiquèrent la nuit même la morsure qui le rendit vampire. Cet acte terminé, ils commencèrent à bâtir un immense manoir, qui n'était que le point de départ d'un empire regroupant plusieurs seigneurs, basé sur l'échange et l'entraide mais agissant toujours dans l'ombre.

Dans ce manoir ils entreposèrent leurs richesses toujours plus étendues, ils enchaînèrent leurs prisonniers, reçurent leurs amis, et vécurent dans une harmonie rarement envisagée pour des créatures démoniaques. Ils recevaient les inconnus dans leurs caves, et leurs amis avaient droit d'aller au salon; cependant une salle leur demeurait close s'ils ne faisaient don de leur sang, la chambre à coucher où ils tramaient leurs machinations les plus sordides.

Chapitre 3

Ils bâtissaient leur château dans une grande harmonie, tous les trois, depuis peu de temps quand de petits coups parvinrent aux oreilles d'Amaël. Ils venaient de la porte, qui n'était même pas achevée. Il alla voir ce qui s'y cachait, et y trouva un jeune homme frêle, un peu perdu mais avec de grands yeux pleins d'espoir. Le jeune homme tremblait de froid, avait une grande faim. Généreux de nature, Amaël le laissa entrer, l'installa devant un cheminée et lui offrit des mets humains, alors qu'ils avaient déjà coutume d'enfermer les inconnus à la cave. Sans doute fut-ce son air inoffensif qui les rassura; il alla quérir la demoiselle Victoria, pour lui demander ce qu'elle pensait de cet étrange visiteur.

La demoiselle Victoria était dans la chambre, en train de terminer la broderie d'un lourd drap écarlate, celui qui recouvrerait leur lit conjugal. Le seigneur Mickaël, quand à lui, était parti chasser et ne put donc être interrogé. Demoiselle Victoria observa un peu le jeune inconnu, puis, constatant qu'il était de bonne volonté, elle donna son assentiment au seigneur Amaël pour accueillir ce jeune homme dans leur manoir. Le rituel su sacrifice fut bientôt accompli, et le jeune homme devint l'écuyer, au doux nom de Pych.

Dès son retour, le seigneur Mickaël apprit la nouvelle, et il apporta son aide au nouvel écuyer. Ils commencèrent à l'aider dans son développement, sans jamais oublier de bâtir leur propre manoir, auquel ils rajoutèrent une chambre pour cet écuyer, ainsi qu'une chaise autour de leur table, où ils prenaient le thé et les décisions importantes.


Ils étaient très unis, et tous ceux qui désormais croiseront leur chemin, et désirant joindre leur marche, seront les bienvenus...
au prix de leur sang.